Vendredi 16 mai à 19h30 Concert « Visages de la Vierge Noire »

Parmi les manuscrits espagnols et le vaste répertoire marial médiéval, le Livre Vermeil de Montserrat (XIVème s.) comme les Cantigas de Santa Maria (XIIIème s.) occupent une place exceptionnelle.

L’un, bien que ne contenant que 10 pièces, par l’extraordinaire mélange entre pièces savantes et pièces populaires, ainsi que par le témoignage unique sur les pratiques de la danse dans le contexte de la dévotion, l’autre par son ampleur (425 pièces), la beauté et la modernité de ses illustrations (considérées comme les premières bandes dessinées), la richesse de son répertoire, où se retrouvent les influences des troubadours comme celles de la musique séfarade ou arabo-andalouse, ainsi que par les merveilleuses histoires qu’elles nous narrent. Si le Livre vermeil tout entier est dédié à la Moreneta catalane, certaines des Cantigas évoquent aussi Notre Dame de Rocamadour, Chartres ou le Puy-en-Velay, où sont aussi vénérées des « Vierges noires ».

Il ne s’agit pas de gloser, une fois de plus, sur cette étrange obscurité du visage de Celle qui a porté la Lumière du Monde, Celle qu’Alphonse le Sage, le maître d’oeuvre des Cantigas, appelle Alva dos alvores, « aube entre les aubes », Strela do dia, « Etoile du jour », de Deus que é lun’ e dia, filla e esposa, « fille et épouse de Dieu qui est lune et jour ». Il ne s’agit pas de proposer de nouvelles explications à ces visages couleur de terre, de pierre sombre, de bois patiné ou d’argent noirci, ou délibérément peints à la ressemblance de l’ébène (parfois confondu autrefois avec le lignum sanctum, le bois saint), vénérés en ces sanctuaires primordiaux que sont Montserrat, Rocamadour ou le Puy-en-Velay. Visages d’autant plus mystérieux que nous nous sommes accoutumés à la blancheur de Vierges parfois de marbre, ou plus souvent de plâtre. Simplement, nous voudrions donner à voir, « envisager », – en espérant que ce vis-à-vis, visage à visage, suscite un coeur à coeur -, à travers ces textes et ces images des Cantigas, et du Livre Vermeil, d’autres visages étonnants de cette femme la plus représentée depuis un peu plus de deux millénaires. Visages parfois simples, parfois hauts en couleur, parfois lumineux, parfois curieusement familiers. Pluriels, en tous cas. Toujours fascinants. Pour nous, tout au moins, artistes épris de cette époque si lointaine et si proche qu’on appelle Moyen Age. Et nous avons le désir de vous faire partager notre émerveillement.

La Compagnie Orion 

La Compagnie Orion a été créée  en 1998 par Marie-Virginie Cambriels, qui en est la directrice artistique. Composée de 2 à 5 artistes suivant les programmes, elle explore et donne à voir les lieux de l’imaginaire médiéval, mêlant, suivant les circonstances, musique, légendes, chants, danse, mise en scène, recherche, et projets éditoriaux. Parmi ses autres programmes : Amor de lonh, des troubadours aux chansons traditionnelles, La Légende de saint Julien l’Hospitalier, Dans l’Ombre de la Licorne, Visages de la Vierge noire. La Compagnie se produit surtout en France et en Espagne, mais a aussi parfois en Belgique et en Allemagne.

Le chemin des étoiles

Marie-Virginie Cambriels, chant, flûte, direction artistique 

Flûtiste, formée en musique ancienne et musicologie au Conservatoire et à l’’Université de Tours, Marie-Virginie Cambriels est titulaire d’une maîtrise de lettres, d’une licence de musicologie, et du CFEM de Musique Ancienne. Elle poursuit ensuite sa formation en chant,  avec Anne Delafosse, et dans le cadre de Master-classes à la Chaise-Dieu avec Robert Expert et Delphine Collot. Elle se perfectionne aussi en instrument avec Gwenaël Bihan et Laurence Bussy. Passionnée par le Moyen Age, elle a créé la Compagnie Orion, avec laquelle elle a mené de nombreux projets, notamment sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, tant en France qu’en Espagne, qu’elle a parcouru plusieurs fois à pied, parfois aussi en musique avec un âne. Ce qui l’a aussi amenée à écrire des guides pour les pèlerins.

Kerstin ANSORGE, harpe gothique, flûte, chant

Kerstin Ansorge a étudié la flûte à bec à l’Université des arts de Berlin avec Gerd Lünenbürger et obtient son Diplôme en 2006. Elle a approfondit ses connaissances auprès de Pierre Hamon au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon. Elle se découvre à ce moment-là une passion pour la harpe médiévale qu’elle étudie avec Angélique Mauillon, et travaille aussi sa voix avec Anne Delafosse. Depuis, elle se consacre plus particulièrement à la musique médiévale et renaissance et joue avec différents ensembles (entre autres le duo médiéval Canticum Arcum et l’’Ensemble Pentagonale) dans les festivals de musique ancienne comme « il Ciclo de Musica Sacra Maestro de la Roza », à Oviedo ou « la musica medievale nella tradizione Veneta », Ca‘ Rezzonico à Venise. Elle enseigne la flûte à bec et la harpe à Lyon, et collabore avec la Compagnie Orion depuis 2009.